sábado, 19 de fevereiro de 2011

3 comentários:

  1. La cinéphilie m’apparaît comme une île assez lointaine où l’on ne va plus guère en tout cas, on ne s’y rend plus de la même façon que dans ma jeunesse. Il nous arrivait souvent de sauter dans un train, dans un avion, pour voir un film à Londres, assister à une rétrospective à Milan ou faire la connaissance d’un metteur en scène américain dans un festival espagnol. Ce que j’appelle « Voyages en Cinéphilie », c’était cela, au sens propre mais aussi au sens figuré : des découvertes incessantes, des rencontres, des amitiés surtout. Bien plus qu’une manie de collectionneur, qu’une accumulation d’images tapissant nos boîtes crâniennes, la cinéphilie pour nous était un art de vivre.
    Les chapitres qui relatent ici mes « voyages » s’échelonnent sur plus d’un demi-siècle. Bazin, Tati, Sautet, Tavernier, Rohmer, Losey, Lang, DeMille, Preminger, Cottafavi, un dialogue très singulier avec Hubert Ricard – philosophe lacanien et cinéphile mac-mahonien de la génération suivante – constituent les haltes majeures de cet itinéraire, depuis l’éblouissement, les enthousiasmes et les colères des débuts jusqu’au regard apaisé d’aujourd’hui.

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  2. « Mon histoire d'amour avec le cinéma est d'abord celle d'un éblouissement. Les livres, la littérature sont mes véritables amis d'enfance, je les ai toujours connus, ils font partie de ma vie intime, ils ne m'auront pas quitté. Le théâtre, la peinture, la musique, je les ressens comme ces camarades déjà presque adultes qu'on se fait dans les dernières années d'études et qui deviendront, même éloignés par les circonstances, des amis sûrs ou disparaîtront sans laisser de trace. Le cinéma, c'est autre chose. Si vous n'avez jamais découvert à vingt ans, surgie au bout d'une plage, une jeune fille nimbée de soleil qui vous apparaît soudain telle que vous la rêviez sans la connaître, vous ne pouvez imaginer ce que fut ma rencontre avec le cinéma. Moi qui, à cet âge, éprouvais une certaine difficulté à me saisir de la réalité, à m'accoler aux choses concrètes, qui sentais le sable du monde s'écouler entre mes doigts, soudain je le vis solide, compact, roc ruisselant de lumière et d'ombre devant moi; un monde plus intelligent, plus signifiant, donc plus beau : plus vrai que le vrai.
    (...) Et cinquante ans plus tard, dans ses meilleurs moments, comme une femme aimée avec laquelle on vit depuis longtemps et dont, à l'improviste, avec les yeux de radium de la mémoire, on retrouve sous le fard d'aujourd hui le jeune visage d'autrefois, l'écran que je regarde redevient éblouissant, une lumière bouillonnante en déborde et mon coeur de cinéphile recommence à battre. Prélevés sur un électrocardiogramme long d'un demi-siècle, j'ai recueilli dans ce livre quelques-uns de ces battements de coeur. »

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  3. Table des matières

    Préface par Marc Cerisuelo

    Avant-propos

    Conversations en 2008-2010
    Avec Hubert Ricard, philosophe lacanien
    Sur le cinéma français, avec Michaël Rabier
    Sur André Bazin, avec Hervé Joubert-Laurencin


    Un jour de fête avec Tati

    Hulot, Groucho, drôles d’oiseaux

    Quand Sautet gérait l’imprévisible

    Tavernier, le regard droit

    Trois « instantanés » de Joseph Losey

    Dernier déjeuner avec Fritz Lang

    Présentation de Cecil B. DeMille

    DeMille, l'enfance de l’art

    Cinéma contre roman

    Considérations sur la couleur

    Éloges funèbres

    Le film noir

    L’affaire Godard-Bazin

    Coups d’œil et pieds de nez

    Annexes
    Les confidences de M. Hulot
    Dialogue avec… Otto Preminger, Vittorio Cottafavi, Claude Sautet, Joseph Losey
    Bazin, Mourlet : convergence et oppositions

    Index des noms et des titres

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