sábado, 23 de fevereiro de 2013

quarta-feira, 20 de fevereiro de 2013

Diretamente do Facebook

Il y a deux semaines environ, l'un de mes correspondants dont je ne retrouve pas la trace, me demandait aimablement ce que je pensais du film "Tabou" de Miguel Gomes, sorti ces temps-ci à Paris et en France. Je lui répondais que je n'avais pas encore vu ce fim, annoncé déjà par la grande critique de cinéma comme un chef-d'oeuvre. Je réponds donc aujourd'hui à cette question. J'ai vu "Tabou". Je ne... l'ai pas aimé du tout. Pire : je l'ai traité de "bidon". Tout est faux dans "Tabou", non pas tant la vérité historique dont le film se fiche éperdument (désigner le crime passionnel d'une héroïne de BD comme relié à l'insurrection d'un Front de libération luttant contre la colonisation portugaise est simplement grotesque) que le geste cinématographique lui-même. C'est épater le bourgeois que de tourner dans un Noir et Blanc délavé pour décaler l'oeuvre des normes du marché. Mon Dieu, que Gomes aille voir "Film, socialisme" de Jean-Luc Godard! Mais à part ça, le parti pris narratif qui veut que l'essentiel du récit fictionnel soit l'affaire d'une voix narratrice, alors que les images n'ont plus dès lors qu'un rôle "illustratif", c'est-à-dire nul, ce parti-pris cautionne l'évitement systématique par le cinéaste de toute scène devant rendre des comptes au réel du tournage. Nous sommes toujours dans une narration qui repousse l'ici-et-maintenant de tout enregistrement cinématographique dans une zone à la fois passée et floue. Cette mise à distance plaît au spectateur dans la mesure où elle lui évite tout simplement de s'impliquer dans la scène dont il devient tout simplement, tout tristement, un spectateur et non un "acteur" imaginaire. J'arrête là. La fausse-monnaie passe toujours pour vraie.

Jean-Louis Comolli

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