« En mai 68, le travail reprend, les syndicats font semblant de crier victoire, les élections ne sont pas loin. Aux usines Wonder aussi tout rentre dans l'ordre. Soudain une femme ose se révolter, elle craque, elle dit qu'elle ne veut pas reprendre le travail, que c'est trop horrible. Un étudiant de l'IDHEC est là avec une caméra et un magasin de douze minutes. Il enregistre la « scène ». Ce petit film, c'est la scène primitive du cinéma militant, La Sortie des usines Lumière à l'envers. C'est un moment miraculeux dans l'histoire du cinéma direct. La révolte spontanée, à fleur de peau, c'est ce que le cinéma militant s'acharnera à refaire, à mimer, à retrouver. En vain. »
(Serge Daney et Serge Le Péron, « Le direct en dix images », in Cahiers du cinéma n°323-324, spécial Situation du cinéma francais I, mai 1981)
« Le seul film intéressant sur les événements [de mai 68], le seul vraiment fort que j'aie vu, c'est celui sur la rentrée des usines Wonder, tourné par des étudiants de l'IDHEC, parce que c'est un film terrifiant, qui fait mal. C'est le seul film qui soit vraiment révolutionnaire, peut-être parce que c'est un moment où la réalité se transfigure à tel point qu'elle se met à condenser toute une situation politique en dix minutes d'intensité dramatique folle. »
(Jacques Rivette, 27 juillet 1968)
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