(...) Dans ONCE UPON A HONEYMOON, l'appel à la lutte contre le nazisme vient s'immiscer dans le schéma d'une comédie américaine classique et s'exprime à travers la prise de conscience d'un personnage traditionnel du genre, et donc peu préparé, au départ, à de telles révélations. Dans SATAN NEVER SLEEPS, qu'on pourrait décrire comme une fuite hors de l'Eden envahi, s'installe presque malgré l'auteur une amertume qu'on voyait poindre déjà dans telle séquence de MAKE WAY FOR TOMORROW ou dans MY SON JOHN. Modernes malgré eux (n'est-ce pas la meilleure façon de l'être?), ces films, qui dissimulent à peine la colère rentrée du plus pacifique et du plus chaleureux des hommes, ne disent-ils pas, d'une manière plus persuasive encore que si l'auteur avait voulu le dire ouvertement, la difficulté du bonheur, de l'harmonie, et combien un monde qui serait fondé sur eux est encore loin du nôtre, est encore à créer.
Jacques Lourcelles, McCarey, Anthologie du cinéma nº 70, L'Avant scène du cinéma, novembro 1972