segunda-feira, 19 de dezembro de 2005

L'Esclave libre

TPS Cinétoile, 21 heures.

par Louis SKORECKI

Tu t'inquiètes pour rien, dit Caroline. Monsieur Edouard a changé. Il est doux comme un agneau maintenant. Juste un peu exalté, mais rien de grave, ça lui passera. Tu sais qu'il me manque, je réponds, même s'il me fait toujours un peu peur. C'est surtout son infernale précision qui me serait d'un grand secours sur Walsh. Caroline part de son rire le plus cristallin. Tu te fous de moi, Louis, me lance-t-elle, Walsh, c'est ta spécialité. Tu as même écrit un livre sur lui. Oui, je dis, mais je ne suis plus sûr de moi ces temps-ci. David, mon neveu, est sous l'emprise de Jacques Aumont depuis qu'il l'a comme prof invité, et comme Aumont ne jure que par Walsh (il dit que c'est le Shakespeare du cinéma), tous ses films y passent. David doit rendre un devoir sur l'Esclave libre, c'est tout juste si je me le rappelle. Si seulement monsieur Edouard...

A peine ai-je prononcé son nom qu'il se pointe au quart de tour. Le plus étrange, c'est que monsieur Edouard sait déjà de quoi je parle. A croire qu'il a des espions sous mon bureau. L'Esclave libre, dit-il, ce n'est pas n'importe quel Walsh. C'est là où le désir passe le mieux. Quand Clark Gable achète Yvonne de Carlo, c'est juste pour tirer un coup. Mais il y met le temps, il y met les manières, c'est un gentleman. Même Gary Cooper dans Distant Drums n'est pas aussi bien. Mieux que Cooper dans Distant Drums ?, dit Caroline, c'est impossible, c'est un film d'une beauté renversante, c'est là que Gary Cooper est le plus stevensonien. Si tu veux mon avis, conclut-elle, Cooper est aussi mystérieux que Garbo. Ta passion pour Gary Cooper te perdra, ma chérie, répond monsieur Edouard. Et de toute façon, je parlais d'amour, pas de passion. C'est quoi, la différence ?, demande Caroline. Il n'est pas épris d'elle, dit calmement monsieur Edouard, il bande pour elle. Caroline a rougi, j'en suis sûr.

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